Titulaire d’un Master Européen de Recherche en Sciences de l’Éducation et d’un doctorat en Sciences de l’Éducation de l’Université de Rouen, Bruno Humbeeck est actif à la fois sur le terrain en tant que psychopédagogue et en tant que directeur de recherche au sein du service des Sciences de la famille de l’Université de Mons.
Webinaire. L’architecture scolaire : entre résistance, diversité et engagement
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12.02.2021Revoir le webinaire↗
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GT 1.1
Des bâtiments adaptés à une école du 21e siècle
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GT 2.1
Répondre aux urgences de WBE
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Bruno Humbeeck
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Xavier Lostrie
Architecte, Xavier Lostrie est depuis 2012 associé de l’agence Urban Platform, bureau d’architecture et d’urbanisme fondé en 2000 par Cédric Franck et Alicia Reiber. Implantée à Bruxelles, cette agence a une pratique variée, avec une grande expérience dans le secteur public et plusieurs projets scolaires à son actif.
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Mathilde Kempf
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Architectes de formation et urbanistes, Armelle Lagadec & Mathilde Kempf collaborent depuis vingt ans sur la communication, la sensibilisation, la diffusion d’une culture de l’architecture, du paysage et de l’urbanisme, le conseil, l’émergence et l’accompagnement de projets. Elles sont l’auteure du projet « les écoles prennent le temps de l’architecture », un outil de médiation pour une opération pilote de rénovation et de construction de 22 établissements scolaires publics en FW-B.
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Avec pour objectif principal la mise en place d’une stratégie de refinancement des infrastructures scolaires en Belgique francophone, le chantier lancé par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles constitue une opportunité de repenser durablement la manière de concevoir et d’édifier nos infrastructures scolaires. En se dédiant spécifiquement à cette question, le groupe de travail « Des bâtiments adaptés à une école du 21è siècle » entend offrir des outils et leviers concrets afin que les réinvestissements ne se limitent pas à répondre aux urgences qui se font sentir au regard de la vétusté des infrastructures, mais soient au service des nouvelles dynamiques pédagogiques.
Ces dynamiques sont plurielles et vastes. Elles touchent, bien évidemment, au renouvellement des référentiels d’apprentissage, des méthodes d’enseignement et à la structuration du cursus scolaire. Plus largement, elles renvoient à ce qu’on pourrait appeler une réévaluation des « dynamiques sociales » au sein des écoles. Ces dernières concernent, d’une part, la capacité des établissements à être vecteur d’un lien social riche, à cultiver la diversité et à lutter contre les discriminations, ainsi que les inégalités. Ces dynamiques sociales renvoient, d’autre part, à la place qu’une école peut occuper dans son territoire (urbain, semi-urbain ou rural), soit les rencontres et échanges qu’elle peut établir avec son environnement immédiat et ceux qui l’habitent.
Parce que les écoles demeurent avant tout des « lieux », leur architecture ne peut rester inchangée face à ces évolutions et questionnements. Elle y joue même un rôle crucial : la spatialité pouvant être tantôt le frein, tantôt le moteur de ces dynamiques. Au-delà des espaces pédagogiques en tant que tels (i.e. les classes, les ateliers, etc.), ces dernières concernent tout particulièrement certains lieux de socialisation contribuant à la vie scolaire. On pense, bien évidemment, aux cours de récréation qui font depuis quelques années l’objet de toutes les attentions. On peut aussi évoquer ces lieux moins pensés que sont les espaces de circulation, les salles ludiques, les réfectoires, les bibliothèques ou encore, les sanitaires.
C’est précisément sur l’architecture de ces lieux collectifs particuliers que le présent séminaire entend se pencher, en portant l’attention sur la relation entre les « dynamiques sociales » tout juste évoquées et les « configurations spatiales » qu’elles engendrent ou prennent pour appui. Comment l’architecture de ces lieux contribue-t-elle aux dynamiques sociales d’une école ? Quels sont les aspects auxquels architectes et pédagogues doivent rester attentifs dans la conception et l’aménagement de ces espaces ? En réunissant des experts issus d’horizons différents, le séminaire investiguera ces questions à l’aune de trois angles particuliers.
Le premier concerne la capacité de résistance de ces lieux aux phénomènes de conflit ou de violence physique et symbolique qui peuvent s’y cristalliser. On pense particulièrement ici aux inégalités et aux effets de domination de genre ou d’âges qui se manifestent au sein de certains dispositifs spatiaux (cours de récréation, réfectoires, etc.). Face à ces derniers, on assiste bien souvent à des tactiques de retrait de la part des plus vulnérables, restreignant leur occupation des espaces communs. Comment lutter contre ces discriminations spatiales ? Au-delà d’une résistance à ces phénomènes de violences, latentes ou explicites, la question est également d’identifier les leviers permettant à ces lieux collectifs d’être réellement porteurs d’un « commun », c’est-à-dire propices au respect, à la rencontre et au partage.
Le deuxième angle concerne la capacité de ces lieux à être ouverts à une plus grande diversité d’usages. Au sein des pratiques, on voit effectivement apparaitre des initiatives élargissant les possibilités d’appropriation de ces lieux collectifs par rapport à leur destination initiale : la verdurisation des cours de récréation transforme ces dernières en projets pédagogiques ; la mise à disposition de certaines salles auprès de partenaires locaux (commune, asbl, etc.), transforme l’école en lieu de rencontre et d’activités pour son quartier. Ces pratiques enrichissent dès lors les perceptions de ces lieux scolaires, à commencer par celle qu’en ont les élèves. Comment favoriser cette pluralité et quelles en sont les éventuelles limites ? Plus qu’une simple question de polyvalence, cette pluralité inscrit les lieux scolaires dans des temporalités nouvelles (dépassant les rythmes et calendriers scolaires) et invite à les appréhender à différentes échelles (de la relation fine avec les espaces publics à l’aménagement mobilier permettant la variation des usages).
Le troisième angle concerne l’engagement des acteurs dans la conception de ces lieux. Si certaines configurations spatiales permettent de résister aux violences et de favoriser la diversité des usages, il est clair que l’architecture ne peut rien sans la mobilisation de certaines personnes-clefs. Des études ont ainsi signalé le rôle essentiel des équipes pédagogiques, des élèves et de leurs parents dans la réussite de projets d’aménagements spatiaux innovants. Représentant à la fois un gage mais aussi un critère de félicité d’un projet, cet engagement demeure complexe et fragile. Comment le favoriser et quels en sont les moments clefs ? Rejoignant en partie la problématique bien connue de la « participation », l’enjeu est ici de revenir à cette dimension essentielle de l’architecture scolaire : la relation entre le projet pédagogique auquel elle répond et ses conditions matérielles d’élaboration et de développement.